“Un nuage d'édredon
M'enveloppe
Atténuant les sons”

Cette phrase est prononcée par Nick Mason, le batteur de Pink Floyd. Mason a extrêmement peu fourni de performances vocales dans la carrière du groupe, même dans les choeurs.

Pour réaliser cette voix caverneuse, il a enregistré cette phrase en parlant très rapidement avec une voix très aiguë, puis la bande d'enregistrement a été passée au ralenti.

Ce message dédaigneux est adressé à Sir Jimmy Young, un DJ des stations BBC Radio 1 et BBC Radio 2 avec lequel ils avaient une relation de désamour entretenu. Ironiquement, la chanson “Fearless” arrivant deux pistes plus tard sur l'album Meddle est, elle, un hommage au DJ de BBC Radio 1 John Peel, qui fut, lui, un des plus indéfectibles soutiens du groupe.

Terrible façon de souligner la sombre ironie de la situation.

Abd Al Malik tourne en ridicule le questionnement ontologique matérialisé par la célèbre citation shakespearienne en la soumettant au besoin le plus primitif de tous : vivre.

Malik Oussekine était un étudiant, quelqu'un dont la vocation première était de forger son esprit. Ce processus a été complètement retranché au moment où ce qui devint le plus important était de rester en vie.

Abd Al Malik évoque l'élan de solidarité que le monde occidental vivait au milieu des années 1980, à travers le morceau de 1985, “We Are The World” (on est le monde).

Ce genre de messages d'unité, à l'instar des badges “Touche pas à mon pote” évoqués plus tôt, montrent que la drame de Malik Oussekine est survenu dans un climat qui ne le laissait pas supposer.

Cette “bonhommie solidaire”, cet essor de la gentillesse, a en fait généré chez beaucoup de monde une naïveté qui fut fracturée par cet événement tragique.

Abd Al Malik joue de la notion de “cousin germain” pour faire allusion à un événement important de l'histoire allemande, la Nuit de Cristal.

Survenue du 9 au 10 novembre 1938, la Nuit de Cristal est le pogrom antisémite orchestré par le IIIème Reich d'Adolf Hitler, qui résulta en la destruction de milliers de synagogues et de vitrines commerçantes (d'où la nuit tira son surnom) appartenant à des Juifs.

Elle est considérée comme le point culminant de la politique antisémite instiguée dès 1933 par Hitler, visant à pousser les Juifs à quitter l'Allemagne : ce basculement vers la violence directe est de facto le point de départ de la Shoah.

Abd Al Malik ne se hasarde pas à une comparaison directe de la mort de Malik Oussekine à la Nuit de Cristal, puisqu'il mentionne un faible écho ainsi que de subtiles formes.

Il décrit cet incident comme la manifestation subtile d'une volonté de faire taire les voix dissidentes, comme une étincelle de fascisme.