probablement un fétichiste des pieds….
Non seulement il y a eu manque de respect (on se souviens qu'il n'a pas dis bonjour mais wesh et qu'il ne l'a pas non plus regardé dans les yeux), mais il y a aussi cette apparente attirance qui n'est pas réciproque.

Je ne peux pas croire une seule seconde que l'auteur aux lunettes noires accorde le moindre crédit à cette sentence.

Les yeux comme reflet de l'âme est une fantaisie. Croiser le regard quand on s'adresse à quelqu'un tient la même fonction que “bonjour” et le sourire qui l'accompagne. C'est manifester notre bonne intention, que nous sommes ouvert et que nous ne manifestons pas d'animosité.

Nous sommes tous des étrangers, des voisins, les uns vis-à-vis des autres. La psychanalyse et son concept d'inconscient n'enseigne-t-elle pas que nous sommes déjà étranger à nous-même (“je est un autre”) ? Le code de politesse permet de clore cet abysse angoissante de la rencontre avec l'inconnu : “C'est qui lui ? Qu'est-ce qu'il me veut ? Pourquoi il vient vers moi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Ouf, il a dit bonjour…”
Si ce commentaire vous parait exagéré, rappelez-vous quand vous étiez petit, quand votre père ou votre professeur vous appelait d'un ton grave en prononçant distinctement les syllabes de votre prénom. Pensez aussi au flic qui vous interpelle en voiture ou dans la rue : vous vous sentez archi-coupable, un sentiment abyssal d'angoisse vous envahit, et plus vous chercher à vous dédouaner, plus vous êtes coupable. Le seul moyen de rompre ce cycle infernal, c'est de répondre.

Ceci me conduit finalement à conclure logiquement que les yeux ne sont pas le reflet de l'âme, mais son masque. Croiser les regards marque seulement le contact entre les interlocuteurs. Il permet de jouer sur le sens que nous souhaitons signifier (regard complice, accusateur, de tendresse, chaleureux…). Loin d'incarner une âme individuée, il s'agit d'une reconnaissance de quelque chose. “Baisser les yeux” est aussi un regard. Quand le geste est partagé, cela peut signifier une honte commune.

En la circonstance, manquer cette étape peut conduire à un cycle de violence, témoigne l'ensemble de ce morceau qui en détricote les horreurs inimaginables.