Demain c’est trop tard Lyrics

Assis sur un banc à l'arrêt d'car
On boit de la Valstar

On tripe sur des 103 customs de bâtard
Le Mobchop sur les genoux
On kiffe comme des fous
En même temps dans l'bled, gros, y'a rien d'autre à tre-fou
Tout est fermé, y'a rien d'ouvert
Et les seules lumières qu'y a, c'est celles des lampadaires
Alors, on fait les cailles, t'sais, on fait les gros

On fait des gueu-ta au marqueur ou au blanco...
Aurélie est une salope ! Comment tu sais ça ?
Parce qu'elle baise avec tout l'monde... sauf avec moi
Ici, les relations humaines, c'est l'abîme
Ici pour s'marier, on crache pas sur sa cousine
Ici, tu comprends vite que tu baises ou tu t'fais baiser
Chaque bled a son instit ou son curé

Ici, pas d'internet, c'est le minitel
3615 code mon cul et tu t'branles sur des pixels
Alors, à 15 ans tu commences à fréquenter Mado
30 ans d'carrière, 15 syphilis, 12 blénos
Et si tu mets pas d'capotes, mon pote, t'as vite compris...
... putain ça brûle quand j'fais pipi !

Mado, c'est une daronne, mais elle sait t'faire darder l'dard
Et j'connais personne qui porte aussi bien l'léopard
Le code c'est : une bougie allumée, c'est occupé
Si y'en a deux, y'en a un d'dans et un autre sur l'bidet
Mado, c'est ni un canon, ni cageot
C'est juste une pute de campagne avec deux-trois chicots
Mais, c'est la pute de not' bled et c'est comme ça
Tu sais ici-bas, on ne choisit pas…
Parce qu'ici-bas mon gars, hé bah y'a rien à choisir
A part p't'être l'état dans l'quel tu vas finir !

Alors, on a tout prévu pour la cuite
On a chargé à mort les sacoches de la 88
Valstar, Jenlain, Picon et Amer Alsacien
Et s'il reste plus rien parce que t'as tout fini
T'inquiète, il reste la goutte à papi !

Ici on picole pas, on se saborde
Ici l'alcool c'est quand t'as pas les couilles pour la corde
Alors avoir une vie sobre, j'en ai fait le deuil

Hardcore est la campagne, froid s'ra mon cercueil !
Je ne laisserai pas d'héritage, il n'y aura rien à prendre
Je préfère m'achever plutôt que de me pendre
T'façon tout l'monde s'en branle, on est la France oubliée
Dans mon quartier y'a jamais eu de MJC !
Pourtant la misère est là, j't'assure qu'elle est bien réelle
Elle s'cantonne pas qu'dans les banlieues, elle est universelle
Combien de familles au chômdu qui survivent grâce aux allocs
Y'a plus de darons alcooliques, qu'en cure de désintox
L'Etat nous laisse dans not' merde, et on verra plus tard
On est qu'une bande de crevards gouvernée par des bâtards

On est pas la France qui squatte les halls, mais les arrêts d'car
Et ici-bas on sait bien que demain c'est trop tard…
[Interlude à l'arrêt de car] : Bon on trace ? ouais on s'casse…

Assis sur un banc au Central Bar
On boit notre Ricard

On jacte avec deux, trois alcooliques notoires
Ça parle de tout, ça parle de rien
Et surtout d'rien, les discussions d'bar ça va jamais bien loin

Des r'lents d'cendards et d'latrines
Jacky, René, Dédé, Nanard, c'est la dream team
C'est quatre hommes, pour faire vivre un bar
J'parle plus d'piliers, mais d'colonnes de comptoir

C'est, par jour, un litre de Ricard
Et ça vient t'traiter d'camé quand tu tires sur un pétard
C'est la plus belle collection d'fraises que t'aies jamais vue
Ils sont même plus cuits, ils baignent dans leur jus
Ils sont chez eux, c'est des oufs
Quand ils débarquent dans l'rade, ils sont en pantoufles
Politiquement correct, ils s'en battent les boules
Ici ça parle de négros et d'bougnoules

Y'a des envies de meurtres et des claques qui s'perdent
Mais j'sais qu'ça éclabousse quand on frappe dans la merde
Alors, je les méprise, je les ignore
Ils sont tout aussi cons qu'ils s'ront rapidement morts !
Et si tu veux pisser, mon pote, tu vas dehors
Ici c'est des porcs et les chiottes, ils sont hardcores !
Ces putains d'gogues sans dec', c'est l'Vietnam
Ça pue la merde et l'nuoc man…

Dans c'putain d'rade en formica gondolé
Où d'puis les années 70, y'a jamais rien qu'a bougé
Y'a une photo d'Poulidor accroché au mur
Et sur les verres de Jupiler, y'a des fissures
Y'a pas d'billard, ça coûte trop cher
Et puis l'tapis, ça supporte mal la bière
Mais y'a le babyfoot, et ça c'est d'la dynamite !
J'ai fait gagné la France bien avant 98 !

Dans c'putain d'rade j'ai acquis tous mes honneurs :
MC circulaire dans l'top ten du flipper
Pour vous servir, Lulu et René
En 30 ans d'carrière, ils ont pas oublié d'picoler

Le fusil à portée d'main, c'est des barjes
Engueulez pas la patronne, le patron s'en charge !
D'temps en temps, une baston, c'est festif…
Et quand y'a les manouches, whooo ! ça d'vient sportif !

Et compte pas sur les pompiers pour t'soigner
Le temps qu'ils arrivent, t'as cicatrisé…

L'décor est planté, il est triste à pleurer
Mais c'est not' lot quotidien et y'a rien qui va changer
Dans mes yeux, plus aucune lueur d'espoir
Car ici-bas on sait bien que demain c'est trop tard

Spéciale dédicace, tous les mecs des bleds paumés
Qui squattent les arrêts d'car…
Qu'ont fait des graffs au blanco…
Pour les potos… dédicace à Nassim…
On l'a fait ensemble ce putain d'Vietnam…

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Genius Annotation

En écho au Demain c'est loin de IAM sur la face B Hell On Earth de Mobb Deep.

https://www.youtube.com/watch?v=0uQ_X6nQ8xk

En repartant sur le même thème que la fameuse chanson d'IAM, il y est ici décrit la misère d'un quotidien folklorique, mais dans un décor différent, déserté : on passe des quartiers de Marseille à la campagne profonde vendéenne.

On peut rapprocher cette chanson du premier roman de Pierric Bailly, Polichinelle, qui décrit aussi avec précision et humour noir le quotidien des jeunes de la campagne (jurassienne en l'occurrence), dans une langue par ailleurs inspirée du rap.

Q&A

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